La reine margot - tome 2 by Alexandre Dumas

La reine margot - tome 2 by Alexandre Dumas

Auteur:Alexandre Dumas [Dumas, Alexandre]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Histoire
Publié: 2011-01-14T23:00:00+00:00


XVIII – Le livre de vénerie

Trente-six heures s’étaient écoulées depuis les événements que nous venons de raconter. Le jour commençait à paraître, mais tout était déjà éveillé au Louvre, comme c’était l’habitude les jours de chasse, lorsque le duc d’Alençon se rendit chez la reine mère, selon l’invitation qu’il en avait reçue.

La reine mère n’était point dans sa chambre à coucher, mais elle avait ordonné qu’on le fît attendre s’il venait.

Au bout de quelques instants elle sortit d’un cabinet secret où personne n’entrait qu’elle, et où elle se retirait pour faire ses opérations chimiques.

Soit par la porte entrouverte, soit attachée à ses vêtements, entra en même temps que la reine mère l’odeur pénétrante d’un âcre parfum, et, par l’ouverture de la porte, d’Alençon remarqua une vapeur épaisse, comme celle d’un aromate brûlé, qui flottait en blanc nuage dans ce laboratoire que quittait la reine.

Le duc ne put réprimer un regard de curiosité.

– Oui, dit Catherine de Médicis, oui, j’ai brûlé quelques vieux parchemins, et ces parchemins exhalaient une si puante odeur, que j’ai jeté du genièvre sur le brasier : de là cette odeur.

D’Alençon s’inclina.

– Eh bien, dit Catherine en cachant dans les larges manches de sa robe de chambre ses mains, que de légères taches d’un jaune rougeâtre diapraient ça et là, qu’avez-vous de nouveau depuis hier ?

– Rien, ma mère.

– Avez-vous vu Henri ?

– Oui.

– Il refuse toujours de partir ?

– Absolument.

– Le fourbe !

– Que dites-vous, madame ?

– Je dis qu’il part.

– Vous croyez ?

– J’en suis sûre.

– Alors, il nous échappe ?

– Oui, dit Catherine.

– Et vous le laissez partir ?

– Non seulement je le laisse partir, mais je vous dis plus, il faut qu’il parte.

– Je ne vous comprends pas, ma mère.

– Écoutez bien ce que je vais vous dire, François. Un médecin très habile, le même qui m’a remis le livre de chasse que vous allez lui porter, m’a affirmé que le roi de Navarre était sur le point d’être atteint d’une maladie de consomption, d’une de ces maladies qui ne pardonnent pas et auxquelles la science ne peut apporter aucun remède. Or, vous comprenez que s’il doit mourir d’un mal si cruel, il vaut mieux qu’il meure loin de nous que sous nos yeux, à la cour.

– En effet, dit le duc, cela nous ferait trop de peine.

– Et surtout à votre frère Charles, dit Catherine ; tandis que lorsque Henri mourra après lui avoir désobéi, le roi regardera cette mort comme une punition du ciel.

– Vous avez raison, ma mère, dit François avec admiration, il faut qu’il parte. Mais êtes-vous bien sûre qu’il partira ?

– Toutes ses mesures sont prises. Le rendez-vous est dans la forêt de Saint-Germain. Cinquante huguenots doivent lui servir d’escorte jusqu’à Fontainebleau, où cinq cents autres l’attendent.

– Et, dit d’Alençon avec une légère hésitation et une pâleur visible, ma sœur Margot part avec lui ?

– Oui, répondit Catherine, c’est convenu. Mais, Henri mort, Margot revient à la cour, veuve et libre.

– Et Henri mourra, madame ! vous en êtes certaine ?

– Le médecin qui m’a remis le livre en question me l’a assuré du moins.



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